Les années sombres en R5

 

Cette rubrique sera développée progressivement...

À DECOUVRIR : "Reflexions d'un chercheur à propos de la mémoire convenue de la Résistance en Corrèze" de l'historien Jean-Michel VALADE (Article publié en 1998 dans le bulletin des anciens de l'Armée Secrète de Haute-Corrèze)

Brive-la-Gaillarde est le berceau de la Résistance limousine dès 1940. Auteur du premier acte de résistance connu en France, Edmond MICHELET, futur co-fondateur de "Combat" et de "Liberté", fait circuler à Brive le premier tract refusant la défaite et demandant à tous les patriotes sans distinction de se rassembler pour lutter contre l’envahisseur. Extrait de l'œuvre de Charles PEGUY affirmant que "En temps de guerre, celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend", ce tract est imprimé sur une ronéo par Frédéric MALAURE et distribué par les "équipes sociales" de MICHELET.

Dès l’appel du 18 juin s’organise un petit noyau de résistance qui se met à la recherche d’autres noyaux sur le plan national pour s’intégrer au premier mouvement de résistance.

La voix de la Résistance

 

 

En 1941, Brive devient pour la région corrézienne la région 5, le centre du mouvement Combat créé par Henri FRENAY. Edmond MICHELET en fut le chef avec comme adjoints Antoine MEYRIGNAC, Jean BIBERSON et Adrien FAURE. Une réunion tenue chez Edmond MICHELET avec Bertie ALBRECHT et Henri FRENAY décida de la mise en action de la résistance dans la région 5, c’est-à-dire la Corrèze, la Haute-Vienne, la Dordogne et le Lot. Les responsables du mouvement Combat furent nommés et le journal du même nom, diffusé. Les groupes francs entamèrent des actions punitives contre les collaborateurs. La police française perquisitionna chez Edmond MICHELET qui fit l’objet de poursuite pour menées antinationalistes.

 

En juin 1941, des dénonciations permirent à la police de Vichy d’arrêter à Brive et à Limoges des responsables, de la propagande et des dépositaires de journaux Combat dont Maurice GUERIN, Robert SCHMIDT et Albert ICHARD. Ils furent emprisonnés à Lyon. Le 28 octobre 1942, plus de 4.000 personnes se rendirent devant la préfecture de Tulle pour protester contre les départs en Allemagne. Le 11 novembre, les brivistes manifestèrent violemment contre les troupes d’occupation lors de leur passage dans la ville à 18 heures suite au franchissement de la ligne de démarcation.

 

Affiche de Brive

 

Le 29 janvier 1943, les troupes de la Résistance de la Région 5 furent décimés par les arrestations de la Gestapo. Jacques RENOUVIN, chef national des groupes francs, BALTENBERGER, son adjoint, Léon et Louis BRONCHART père et fils, Adrien FAURE, chef de la propagande de Brive, Pierre-Fernand ROUBINET, responsable pour Tulle des services de distribution de la presse clandestine, Michel MALDERIEUX, JARASSE, responsable d’Ussel, BONNEL de Sarlat et bien d’autres. Au mois de février, une nouvelle rafle de la Gestapo mit à rude épreuve la Résistance : Edmond MICHELET, chef régional des M.U.R., ainsi que le chef- départemental de l’Armée Secrète Martial BRIGOULEIX et l’abbé Charles LAIR à Tulle, BOISSIERE à Périgueux et d’autres dans la Corrèze, la Dordogne et la Vienne furent arrêtés, déportés ou fusillés comme otages. Le 15 novembre 1943, les 42 maquisards de Pierre MERLAT "Romain", doyen de la faculté de Rennes, installés au camp de La Besse (Sainte-Féréole) sont attaqués par une colonne allemande de 300 hommes suite à une dénonciation. 40 allemands sont mis hors de combat, 8 maquisards tués, 10 blessés achevés et 8 prisonniers sont déportés.

 

Malgré cela, les maquis se multiplièrent dans une région qui s’y prêtait. Le capitaine FARRO, de Brive, qui s’échappa de la voiture de la Gestapo qui venait de l’arrêter fut repris plus tard et fusillé comme otage au début de l’année 1944. Le chef régional du maquis Gontran ROYER était aussi arrêté et déporté. L’A.S. et les F.T.P. entrèrent en action pour retarder les colonnes de la division SS Das Reich remontant de Montauban vers la Normandie où les troupes de ROMMEL essayaient de contenir la poussée des alliés. Les voies ferrés sont coupés et les troupes sont attaqués à Souillac, Bretenoux, Cressensac, Roufilhac, Lanzac, Mareuil, Noailles, Pas-du-Raysse, Eylac, Grolegeac, Pinsac, Beaulieu, Gignac, La Grafouillère et Vayrac. Ce fut le moment des atrocités commises par la division allemande : Oradour-sur-Glane, Rouffignac incendiés, les habitants brûlés, fusillés, ou les 99 martyrs de Tulle pendus aux poteaux et aux balcons de la ville. 

 

Le 14 juillet 1944, lors de l'opération "Cadillac", plusieurs centaines de maquisards réceptionnent 3.791 containers, soit 417 tonnes d'armement et de matériels, parachutés par 349 bombardiers B17, accompagnés de 524 chasseurs P51 Mustang et P47 Thunderbolt, sur les 7 objectifs désignés par le Haut Commandement des Forces Expéditionnaires Alliées en Europe dont les terrains de Moustoulat, Saint-Privat et Carennac.

 

Brive fut la première ville de France libérée ;  les capitaines René VAUJOUR et Marius GUEDIN, anciens adjoints du capitaine FARRO, Pierre-Elie JACQUOT et Jacques POIRIER reçurent l’acte de reddition du colonel BOHMER commandant la garnison allemande locale.

 Libération de Brive

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Le général KOENIG remet la croix de chevalier de la Légion d'Honneur à Edmond MICHELET, Emile BAILLELY et René JUGIE

Biographies de résistants de R 5

Sources : Ville de BRIVE-LA-GAILLARDE (Centre Edmond MICHELET) & Vladimir TROUPLIN (Musée de l'Ordre de la Libération)

Maurice ARNOUILH, né en 1903 à La Monzie près de Bergerac (Dordogne), est mort à Brive le 2 novembre 1967. Ingénieur mécanicien à Ussel aux Fonderies Montupet, il est contacté le 20 août 1940, par le colonel Maurice Buckmaster des services de renseignements britanniques venu organiser les réseaux d’actions, évasions et renseignements dans la région du Centre de la France. Maurice ARNOUILH n’hésite pas à s’engager dans la Résistance. De nombreux réseaux portant les noms de "Nestor Buck", "Hector Buck" ... se constituent et s’étendent aux départements autour de la Corrèze. Disposant de moyens importants en émetteurs et récepteurs radio, en liaisons aériennes, en sous-marins et en passeurs à la frontière espagnole, les réseaux "Buck" permettent à de nombreux pilotes britanniques abattus par la DCA allemande de regagner l’Angleterre et de reprendre le combat. Afin d’éviter des bombardements meurtriers de la part des alliés, les réseaux "Buck", en liaison avec les autres composantes de la Résistance (FTPF et AS entre autres), font de nombreuses actions de sabotages soit de transformateurs électriques, de lignes à haute tension (ce qui empêche les Alliés de tenter de bombarder barrages et centrales électriques), soit d’usines travaillant pour les Allemands, notamment la Manufacture d’armes de Tulle et l’usine de la Marque. Maurice ARNOUILH dit "Pernot" monte à Brive une usine de fabrication de gazogènes : la "Société d’Exploitation des Procédés ARNOUILH", plus connue sous le nom de "Bloc Gazo", dont le siège se trouve avenue de la Gare. Le P.C. de l’organisation s’y installe et son directeur commercial n’est autre que le major britannique John Peulevé. ARNOUILH gagne beaucoup d’argent avec son affaire de gazogènes mais le réinvestit pour aider les réseaux ; René Jugie-GAO déclarera d'ailleurs lors de ses obsèques : "(il) fut généreux jusqu’à la prodigalité... les femmes et les enfants de nos camarades des corps francs... purent subsister grâce aux deniers personnels de notre ami au grand cœur". Maurice ARNOUILH sera le premier président départemental du R.P.F. et conseiller municipal de Brive. Décoré de la croix de guerre 1939-1945 avec étoile de bronze et citation à l’ordre de la division, de la King’s Medal for Courage in the Cause of Freedom par le Roi Georges VI, il a reçu également la médaille de la Liberté (medal of Freedom) décernée par le général Eisenhower.

Émile Baillely, né le 8 mars 1898 à Aubeterre-sur-Dronne (Charente), est mort le 20 juin 1972 à Ribérac (Dordogne). Issu d’une très vieille famille d’Aubeterre, il accomplit de brillantes études à Bordeaux et Paris, que la guerre de 1914-1918 vient interrompre. Mobilisé en avril 1917 dans l’Infanterie Coloniale, il est décoré de la croix de guerre le 6 novembre 1918 avec la citation suivante : "Jeune mitrailleur d’un entrain merveilleux et d’un esprit de décision remarquable. Le 19 octobre 1918 a pris résolument le commandement de sa section après la perte de tous les gradés, accomplissant fidèlement la mission confiée". Après l’Armistice du 11 novembre 1918, il est muté au Maroc où il est démobilisé en 1919. Ses études reprises et terminées, il exerce sa profession d’avoué, à Paris, dans l’une des études les plus importantes de la capitale. En 1931, il succède à Me Louis Chadourne dans la charge d’avoué près le Tribunal de Brive. Mobilisé à nouveau en septembre 1939 comme lieutenant, le "poilu de la Coloniale de 14-18" n’accepte pas la défaite. Dès son retour à Brive, en juillet 1940, il ne cache pas ses sentiments en faveur de l’action du général de Gaulle. En novembre 1940, il donne son accord à Edmond MICHELET qui, avec François de Menthon, vient de fonder "Liberté", puis "Vérité". Il est avoué près le tribunal de Brive dès 1941. En mai 1941, "Liberté" ayant fusionné avec "Vérité" et "Petites Ailes" sous le nom de "Combat", il devient l’adjoint d’Edmond MICHELET, chef régional de ce nouveau mouvement pour la Corrèze, la Haute-Vienne, la Creuse, l'Indre, la Dordogne, le Lot et la Charente. Après la fusion de "Combat" avec "Libération" et "Franc-Tireur", Baillely est nommé chef départemental, toutes branches, des Mouvements Unis de la Résistance (MUR) de la Corrèze, fonctions qu’il exerce sans désemparer jusqu’à la Libération, sous le pseudonyme de "Bonnet", nom et fonctions connus de la Gestapo et de la Milice qui ne pourront jamais percer l’identité véritable du chef des MUR de la Corrèze. En revanche, de très nombreuses personnes portant ce patronyme seront arrêtées et déportées. Il préside le directoire départemental du M.L.N. de sa création en janvier 1943 à la libération. Le 4 août 1943, il réunit, dans sa maison à Brive, 3 rue Chadourne (une plaque, posée sur la façade de la maison, commémore cet événement), les représentants des FTPF, des MUR, de l’AS ainsi que des partis politiques clandestins : partis communiste, socialiste, radical-socialiste, démocrate-chrétien et les syndicalistes. Lors de cette réunion, le Comité de Libération de la Corrèze le nomme président, charge qu’il exercera jusqu’à la Libération. Il intervient énergiquement lors du débarquement allié du 6 juin 1944 pour éviter que les maquis n’investissent la ville de Brive. À la libération de cette cité, première ville de France libérée par les FFI, il impose des pourparlers avec la garnison allemande en vue de sa reddition sans condition et sans combat. En 1945, à la fin des hostilités et après le retour des déportés, un solennel hommage lui est rendu, pour ces faits, par Edmond MICHELET et le colonel Gontran Royer, ancien chef des maquis de  R 5. Il était chevalier de la Légion d’honneur, croix de guerre 1914-1918 et 1939- 1945, bâtonnier de l’Ordre des avocats de Brive, conseiller municipal de Brive puis d’Aubeterre, président de nombreuses associations à caractère social, culturel et sportif, président-fondateur de nombreuses associations de résistance, notamment le CAR (Comité des Anciens Résistants) de la Corrèze et de la FNAR (Fédération Nationale des Anciens Résistants).



Extrait du bulletin N°160 (3° trimestre 86) de l'amicale des maquis des anciens réfractaires et résistants A.S. de Haute-Corrèze (Cf. Baptiste BELCOUR) :

André BELCOUR nait à Servières-Ie-Château le 17 Août 1900. Diplômé de la Faculté de Médecine de Toulouse, il s'installe comme médecin à Ussel en 1924. Il épouse la même année Marguerite Renée GOUDOUNECHE issue d'une vieille famille usselloise et dont le père s'installa vers 1883 à Ussel, également comme médecin. Médecin de, ville mais aussi de campagne, héritier moral de son beau-père qui avait tout connu du pays d' Ussel pendant cinquante années de pratique, médecin de la Compagnie comme on disait à l'époque, c'est-à-dire de la S.N.C.F.,il pénètre dans tous les milieux et a des contacts amicaux avec la plupart des familles. Il n'accepte pas la défaite de 1940. Dès les premiers mois il affiche son opposition. Ami d'Henri QUEUILLE qui vient d'être révoqué par Vichy, il connaît les premiers contacts établis par Pierre QUEUILLE et le réseau Copernic, toujours disponible pour faciliter les hébergements et les liaisons. C'est tout naturellement que lorsque le réseau Alliance se développe dans le centre de la France il apporte son concours à Jean VINZANT,à son confrère Jean SIRIEIX et à tous les « animaux de l'Arche » en difficulté. Mais la Résistance de masse naissante en zone sud a besoin d'un chef en Haute-Corrèze. Le capitaine FARRO de Brive, sur les conseils de Jean SIRIEIX, contacte André BELCOUR et lui demande d'accepter la responsabilité de l'A.S. pour la Haute-Corrèze. BELCOUR accepte et cherche tout de suite un adjoint, officier disponible et patriote comme lui.

II contacte avec succès Louis LE MOIGNE, professeur à l'E.P.S. dont il est le médecin de famille et qui est officier de réserve. BELCOUR, LE MOIGNE, SIRIEIX, les trois chefs historiques de la Résistance A.S. Haute-Corrèze, viennent de se rencontrer. Jean SIRIEIX étant très engagé avec Alliance, ce sont André BELCOUR et son adjoint LE MOIGNE qui mettent en place la structure civile de l'A.S. Ce sera une réussite exceptionnelle car ces deux patriotes sauront choisir les hommes et dans chaque canton, voire dans chaque commune, choisir le meilleur, le plus capable de conduire la Résistance et la lutte contre l'occupant. 1942 voit la mise en place des trentaines et des sizaines et l'organisation de la propagande, en particulier la diffusion du journal « Combat ». BELCOUR sillonne le pays et toujours avec LE MOIGNE quadrille, convainc, recueille tous les renseignements utiIes. Il participe à de nombreuses actions du réseau Alliance, en particulier pour la protection des départs clandestins de Thalamy. 1943 le voit encore plus sur les petites routes de Haute-Corrèze pour la lutte contre le S.T.O. et l'implantation des camps maquis. C'est l'époque où il se découvre une vocation de boucher, tuant et débitant lui-même le bétail nécessaire au ravitaillement des camps. C'est lui qui effectue les premières répartitions d'armes, effectuant des trocs avec les F.T.P. et en particulier Germain (Constanty), chef maquis avec qui il entretient de très cordiales relations. Il contrôle même à une certaine époque conjointement le maquis des Trois-Faux où il y a une partie de l'effectif qui vient de l'A.S. et dont il soigne sur place les maquisards.

Mais André Belcour est trop connu et parfois trop courageux dans ses initiatives pour ne pas attirer l'attention de la Gestapo. C'est le chef de la Gestapo de Limoges lui-même, le Hauptsturmführer MÜLLER qui instruit son dossier. Et arrive le jour... Le 4 août 1943, la Gestapo fait irruption dans la maison familiale du vieil Ussel. Madame BELCOUR, son dernier né dans les bras, tient tête à l'officier allemand. Le docteur BELCOUR, dans l'obscurité d'une encoignure, son pistolet à la main, attend pour s'enfuir que la sentinelle allemande qui va et vient et surveille ait un moment d'inattention. Perquisition, fouille, interrogatoire serré de l'épouse, etc. Finalement, André BELCOUR peut s'enfuir et se réfugie chez son vieil ami Jacques EYBOULET, imprimeur, bien connu et résistant. Puis c'est la vie errante des pourchassés, le séjour dans le Lot à Cabrerets et le départ pour l'Espagne puis Alger où il s'engage dans les F.F.L. puis devient directeur du cabinet d'Henri QUEUILLE. Il a un entretien fraternel avant son départ avec Louis LE MOIGNE, et c'est ce dernier qui, sous le pseudonyme de Jean-Jacques, dirige à partir de cette époque l'A.S. Haute-Corrèze. Revenu à Ussel après la Libération, André BELCOUR reprend ses activités professionnelles jusqu'à son décès le 29 octobre 1962. Il est très cultivé, d'un commerce agréable, cultivant volontiers le paradoxe, André BELCOUR jouit à Ussel et dans sa région d'une popularité considérable. Notons simplement que, conseiller municipal d'Ussel (il refusa toujours de plus hautes fonctions), il était régulièrement élu, arrivant toujours en tête dans les élections de la cité. Mais on peut aussi affirmer que comme dans la quasi totalité des familles patriotes, ce furent tous les membres qui furent associés et combattirent ensemble même si souvent seul le chef de famille fut connu et reconnu comme résistant. L'épouse le seconda sans cesse dans la vie clandestine et lui sauva la vie dans la nuit du 4 août ; ses fils aînés, Roger et Henri, bien que très jeunes, participèrent au combat comme agents de liaison. 

Jean VINZANT, premier chef régional du réseau Alliance, se souvient :

" En mars 1943, la Gestapo vint chez moi pour m'arrêter alors que dans la nuit un avion anglais devait venir à Thalamy chercher trois passagers. L'opération devenait impossible,. Il fallait d'une part prévenir Londres de ne pas envoyer l'avion et d'autre part faire évacuer d'Ussel les personnes venues pour faire atterrir l'avion. La situation s'était rapidement compliquée car non seulement des Allemands en civil mais aussi des militaires étaient en ville. Il fallait d'abord récupérer le poste émetteur qui était chez moi dans le grenier et ensuite faire quitter la ville à six personnes. C'est alors que je pensais aux docteurs BELCOUR et SIRIEIX car ils étaient les seuls que je connaissais à pouvoir circuler en auto. Lorsque j'expliquai à l'un et à l'autre, en précisant le danger, que je leur demandais de transporter chacun deux ou trois personnes à Bourg-Lastic, ils acceptèrent sans hésitation. Ils ne suivirent pas le même trajet. Le Dr BELCOUR n'eut pas de problème (1). Pour le Dr SIRIEIX, il y eut une petite complication. Du haut de la côte du Chavanon, il aperçut sur le versant opposé un camion et une traction avant arrêtés. Grâce à son «ausweis» et à une habile mise en scène de ses passagers (2), il ne fut pas inquiété. Mais il arriva à Bourg-Lastic après le passage du train et dut faire le forcing pour le rattraper à Laqueuille où les passagers purent embarquer. Quelque temps plus tard, alors que j'avais quitté Ussel, je ne me souviens plus exactement d'où je venais, je descendais à Villefranche par le train ; j'ouvre la porte d'un conpartiment ; il y avait deux voyageurs assis, le Dr BELCOUR et son épouse. Tous deux avaient l'air catastrophé. Le docteur redoutait d'être arrêté. La veille, j'avais été informé que je pouvais disposer d'un passage supplémentaire pour l'Espagne. Je le proposai au Dr BELCOUR qui tout d'abord refusa, ne voulant pas laisser son épouse. Malheureusement, il n'y avait qu'une place. Devant descendre trois stations plus loin, je les laissais s'entretenir tous deux pour prendre une décision. Ce n'est que quelques minutes avant que je descende que le docteur me dit qu'il partait. Je lui indiquai que le rendez-vous était à la Poste de Pau pour recevoir des instructions précises sur le lieu du rassemblement et l'itinéraire. C'est à la Poste qu'il trouva mes deux frères qui étaient du voyage. Ils allèrent ensuite à Mauléon puis à Tardetz où ils rejoignirent les autres membres de l'expédition et les passeurs. À la nuit tombée, ils prirent la direction de la montagne. Ils marchèrent toute la nuit. Ils s'arrêtèrent le jour. Après quatre nuits, ils arrivèrent en Espagne à Isaba, un petit village où ils se rendirent à la garde civile et à la douane. Le lendemain, ils furent transférés à la prison de Pampelune. Ils étaient six dans une cellule. Pour s'occuper ils faisaient la chasse aux punaises. Après un séjour de 20 jours, ils furent transférés à 'l'établissement thermal de Uberaga De Ubilla, station balnéaire transformée en camp de concentration et de transit. Ils furent ensuite transférés à Madrid. L'état de leurs vêtements était tel que la Croix Rouge espagnole les habilla de la tête aux pieds. Ils étaient correctement logés dans un hôtel. Ils partirent ensuite pour Malaga où ils étaient logés dans des arènes. L'accueil de la population était plutôt favorable. Ils étaient souvent invités à boire. Le premier décembre, ils embarquèrent sur le Sidi Brahim, un vieux rafiot français. Le même jour, ils débarquèrent à Casablanca d'où ils prirent le premier train pour Alger où les mauvaises heures furent vite oubliées. Je dois préciser la façon dont leur libération fut obtenue. Venant d'Alger, je m'étais rendu à Casablanca. Dès mon arrivée, grâce au consul, sur la recommandation d'Henri QUEUILLE, j'avais pu rencontrer un évêque espagnol, M. S. BAYONNAS, qui était chargé de régler avec les autorités françaises le transfert de nos compatriotes au Maroc. Les Espagnols demandaient à être remboursés des frais occasionnés par le séjour des Français. La somme demandée fut très vite payée. Je dois ajouter qu'en plus de BELCOUR et de mes frères, il y avait aussi ALIBERT de Brive et son fils, LEMOIGNE et GODET de Tulle et de Brive. À Alger, le Dr BELCOUR entra dans le cabinet d'Henri QUEUILLE où il s'occupait tout particulièrement de nos compatriotes qui trouvaient toujours un accueil chaleureux auprès de lui. "

(1) Le Dr BELCOUR emprunta des routes secondaires au nord de la RN 89 pour éviter le Chavanon.
(2) Marie-Madeleine FOURCADE, chef du réseau Alliance, jouait le rôle d'une malade devant être hospitalisée à Clermont et son radio, l'Anglais Pie, le rôle de son mari dévoré d'inquiétude. (in "L'Arche de Noé". de M.-M. FOURCADE).

Jean VAUJOUR, corrézien membre du cabinet d'Henri QUEUILLE à Alger en 1944, commandeur de la Légion d'Honneur, décoré de la Croix de Guerre, de la Médaille de la Résistance et titulaire de nombreuses décorations étrangères, campe avec talent André BELCOUR qui, de clandestin en 1943, va être au contact des plus hautes personnalités du gouvernement provisoire de la République :

" Il appartient à des personnes plus qualifiées que je ne peux l'être d'évoquer la mémoire d'André BELCOUR. Mais «l'épisode» algérien fut dans la vie de cet Ussellois au patriotisme sans la moindre faille une épreuve qui m'a permis de le rencontrer, de l'estimer et de ne pas l'oublier. André BELCOUR a été, au cours du séjour algérois d'Henri QUEUILLE à un moment crucial de la seconde guerre mondiale, un collaborateur de celui auquel le Général de GAULLE devait confier les plus hautes responsabilités. Plus encore que le directeur de cabinet de l'homme d'Etat qui fut le Vice-Président du Gouvernement Provisoire de la France, André BELCOUR a été pendant de longs mois son conseiller écouté, son confident. Dans la petite équipe, qui entourait Henri QUEUILLE, il était comme lui issu de ce terroir de la Haute.corrèze qui donne à ses enfants, les qualités profondes de ceux qui le parcourent par tous les temps, par les mauvais chemins, pour se pencher au chevet des êtres en proie à la souffrance. Sans doute André BELCOUR comme Henri QUEUILLE, venus du même creuset, avaient-ils l'un comme l'autre un coeur profondément généreux sous un abord calme et attentif pour l'ancien médecin de Neuvic, un peu bourru pour le docteur d'Ussel. L'un comme l'autre, c'était la solidité du granit de nos hauts plateaux, la volonté d'atteindre le but fixé - que dis-je, l'obstination - la sensibilité d'une nature toujours prête à s'émouvoir. Quand, après quelques mois d'épreuves de la traversée de l'Espagne,le vieux Sidi Brahim, rafiot qui avait lui aussi repris du service, me dépose sur le môle d'Alger où Jean et Suzanne GALLOT étaient venus m'accueillir, je ne savais pas encore que j'allais me retrouver sur un coin de terre corrézienne sous le ciel d'Afrique, André BELCOUR, René PLAS, Jean MONTALAT s'efforceront d'adoucir l'exil.

Je logeais avec les deux premiers dans un appartement de la rue d'Isly, tout près du quartier général. André BELCOUR, avidement m'interrogea sur la Corrèze, sur Ussel et sa région, mais aussi sur l'évolution de la situation en France, sur l'état d'esprit, sur l'économie d'un pays dévasté,
Car auprès d'Henri QUEUILLE auquel Charles de GAULLE avait confié la Présidence de la Commission du Débarquement, c'est André BELCOUR qui avec un soin extrême - je dirai même avec méticulosité - constituait le dossier qui allait permettre de remettre en route la machine administrative et l'appareil économique pour la subsistance de populations dépouillées. André BELCOUR a fait tout cela sans bruit, sans se mettre en avant, mais avec une efficacité extrême, Combien de fois Henri QUEUILLE n'a-t-il pas dit aux autres membres de son cabinet, à ses interlocuteurs, à ses visiteurs : «Voyez donc BELCOUR.., il sait ce que je pense.., il connaît parfaitement ce dossier... ». Dans cette marmite algéroise où l'on ne trouvait rien, mais où tout le monde s'occupait de tout, André BELCOUR allait son petit bonhomme de chemin, éclairant de sa lanterne les pas de certains membres du Gouvernement et de tous ceux qui venaient vers lui chercher conseil. Et alors que je m'étonnais auprès de lui que dans la chaleur torride de l'été, en plein début d'après-midi, il fit chaque jour à pied le long trajet de la rue d'Isly au Lycée Florentin, siège du Gouvernement, gravissant sans avoir besoin de reprendre son souffle l'interminable rue Michelet, il me répondit avec un sourire imperceptible : «La marche, par tous les temps, maintient la forme. Et nous avons besoin d'être en forme car les épreuves passées ne nous en épargneront pas d'autres qui nous attendent : la France va avoir besoin de gars costauds ! ». C'était ça, André BELCOUR, sur tous les plans et d'abord sur le plan moral un gars costaud. "

Guy Bonjour est né à Aigurande (Indre) le 24 février 1922 et est décédé glorieusement à Brive en 1944. Lors de la seconde guerre mondiale, il est mécanicien radionavigant dans l’Armée de l’air. À l’armistice de juin 1940, il est affecté à la compagnie de guet 14/72 cantonnée au camp des Chapélies à Brive et chargé des transmissions. Après l’invasion de la zone sud, son service est maintenu. Guy Bonjour est alors contraint de partager le bureau qu’il occupe à la poste de Brive avec les agents du service de renseignements allemand. Ami de Pierre Chaumeil et recruté par lui pour "Combat", il devient très rapidement, de par son emploi, un des plus précieux agents de renseignements des MUR sous le pseudonyme de "Guy". Chef de corps franc, il participe à des actions contre les agents de la Gestapo et de la Milice. C’est en voulant sauver un de leurs camarades que Guy Bonjour et Pierre Chaumeil sont arrêtés, le 6 juillet 1944, par la Gestapo et fusillés le 17 juillet 1944 à la carrière des Perrières. Aujourd’hui, cette carrière a été aménagée en un parc et une stèle rappelle le sacrifice de ces hommes valeureux.

Martial Brigouleix, né à Ambrugeat (Corrèze) le 24 avril 1903 dans une famille de cultivateurs, est mort en 1943 au Mont Valérien (Hauts de Seine) fusillé par les Allemands. Élève au Cours complémentaire de Meymac, il entre à l’École normale de Tulle en 1920. Élève officier de réserve en 1923, sous-lieutenant en 1924 et affecté au 22ème Tirailleurs à Verdun, il devient professeur de Français et d'Histoire-géographie à l’École militaire préparatoire technique de Tulle (Corrèze) en novembre 1924. La maxime de sa classe sera "Bien apprendre pour mieux servir". Il participe à la guerre de 1939 au 126ème Régiment d’Infanterie. En opération en Alsace puis, en mai 1940, dans l'Aisne, il ramène les survivants de sa compagnie jusqu'en Haute-Vienne où il est démobilisé au grade de capitaine en juillet 1940. On raconte notamment dans sa compagnie qu'en pleine campagne de France, apercevant un guetteur allemand dissimulé dans un arbre, il exige de son ordonnance qu'il ne tire pas ; lorsque l'ennemi fit feu, le capitaine fit alors tirer mais seulement dans les jambes... Cité deux fois à l'ordre de l'armée pour son courage, Martial BRIGOULEIX reprend son poste à Tulle. Son hostilité ouverte au régime de Vichy et son appartenance à la Franc Maçonnerie entraînent sa révocation de l’enseignement en 1941. Il répond à cette sanction : "Je regrette au plus haut point, Monsieur le Maréchal, de n'être pas tombé à la tête de mes hommes au cours des combats de la Sarre ou d'autres lieux. Vous seriez venu, alors, vous incliner devant la plaque où seraient gravés les noms des héros. Parce que la mort ne m'a pas frappé, vous prenez la décision de m'éloigner de mes élèves que j'adore, de me priver de ce qui m'est le plus cher : enseigner". Il devient alors secrétaire de la Chambre des Métiers.

Grâce à des relations amicales, Martial Brigouleix entre en contact avec les chefs de "Combat" en 1942 ; il organise à Tulle les premiers corps-francs  sous le nom de "Beaudoin" et devient le chef départemental de l’Armée Secrète en Corrèze de février 1943 jusqu’à son arrestation en avril 1943. Jusque là, il dirige, en collaboration avec Raymond FARRO, les premiers groupes de l'AS. Il met toute son infatigable énergie au service de la résistance de Corrèze en participant aux coups de main, aux parachutages, au camouflage des armes. Son bureau, au 1er étage de la Banque Populaire à Tulle devient un véritable P.C. clandestin où l'on vient chercher des ordres ou des fausses cartes. La Milice, avertie, demande une première fois son arrestation au préfet qui refuse. Sentant l'étau se resserrer, Martial Brigouleix envisage de passer entièrement dans la clandestinité lorsque la Gestapo, balayant les obstacles administratifs , se présente à son bureau le 17 avril 1943 où il est arrêté. Il est interné à la prison de Limoges. Mis au secret pendant presque trois semaines, torturé, il ne parle pas. Il est transféré le 26 mai au Fort de Romainville (Seine Saint Denis) mais le 27 septembre, un officier allemand est abattu à Paris. 50 otages sont fusillés en représailles. Il est ainsi exécuté le 2 octobre 1943 au Mont Valérien à l'âge de 40 ans. Il a été inhumé au Carré Militaire du cimetière de Bagneux dans les Hauts-de-Seine. Peu avant son exécution, il écrivait à ses parents : "Si je viens à disparaître dans la bagarre, qu'on sache bien que je laisserai en héritage à tous, parents et amis, le souvenir d'une vie qui s'est efforcée d'être celle d'un homme de bien, et l'exemple d'un sacrifice volontaire qui leur permettrait d'être fiers et leur commanderait d'être grands...". Ancien militant socialiste, il possédait une personnalité attachante ; ouvert à autrui, il était un homme de conciliation entre les divers mouvements de Résistance. Ce chef valeureux faisait preuve d’une générosité si rayonnante qu’on disait de lui : "Ce n’est pas un cœur qu’il possède, mais un bureau de bienfaisance". Il a été fait Chevalier de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945 et croix de Guerre 39/45 (3 citations).

Fils d'un employé de la manufacture des Tabacs, Gilbert Bugeac naît le 30 janvier 1901 à Tulle. Il fait ses études à Tulle où il devient chef d'entreprise en dirigeant la Coopérative du Bâtiment. Sous-officier de réserve, il est mobilisé en septembre 1939 comme maréchal des logis dans l'Artillerie. Démobilisé à l'été 1940, il refuse l'armistice et, début 1941, abandonne la direction de son affaire pour se consacrer, avec deux de ses administrateurs, à la Résistance. Membre des Forces Françaises Combattantes dès juillet 1942 avec le grade de chargé de mission de 1ère Classe, il participe sous la direction de Martial Brigouleix, à Tulle et dans toute la Corrèze, à l'organisation de l'Armée Secrète qui regroupe les groupes paramilitaires des mouvements "Combat", "Libération" et "Franc-Tireur" en zone sud.

En octobre 1942, il organise et dirige en Corrèze le Comité des Opérations de Parachutages et d'Atterrissages chargé des opérations aériennes de la Résistance. Il assure en particulier des parachutages à proximité des routes Tulle-Uzerche et Brive-Uzerche, malgré les nombreuses patrouilles allemandes. Parallèlement à cette nouvelle responsabilité, Gilbert BUGEAC, sous les pseudonymes Sylvain, Maxime ou Blaise, mène à bien d'autres types d'actions (distribution de tracts, hébergement d'opérateurs radio, y compris à son domicile) et monte de nombreuses opérations (sabotages et coups de main à la prison et au Commissariat de Tulle, au Dépôt de l'Intendance, sabotage des lignes haute tension de la SNCF) en finançant leur organisation avec ses propres fonds. De même, dès l'instauration du STO, il met en place localement la lutte contre le travail en Allemagne en fabriquant 600 fausses cartes d'identité et en cachant des jeunes réfractaires dans des fermes ou des maquis. Chef indiscuté de la Résistance corrézienne il utilise ses relations avec les administrations publiques pour fournir tous les papiers nécessaires aux agents dans la lutte clandestine. Pourchassé par la Gestapo qui arrête ses parents à Limoges en mai 1944, Gilbert Bugeac doit prendre le maquis tout en poursuivant son action au sein du réseau SAP-Action (qui a succédé en février 1943 au COPA) jusqu'à la libération du département fin août 1944. Vice-président puis président du Comité Départemental de Libération de la Corrèze de septembre 1944 à juillet 1946, Gilbert Bugeac est également le liquidateur national de la Délégation Militaire Régionale et du réseau Action R 5. En 1946, il est employé à un poste de contractuel au Ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme avant de diriger une entreprise de bâtiments et Travaux Publics à Boulogne sur Mer. Après deux années passées au Sénégal au début des années cinquante, il rentre en France et reprend la direction de son entreprise à Tulle. Gilbert Bugeac est décédé le 4 juin 1976 à Limoges où il a été inhumé. Il était chevalier de la Légion d'Honneur, compagnon de la Libération par décret du 17 novembre 1945, croix de Guerre 39/45 (2 citations) et médaillé de la Résistance.

Pierre Chaumeil est né à Sainte-Féréole (Corrèze) le 2 septembre 1917 et mourut fusillé à Brive le 17 juillet 1944. Il est connu pendant la guerre de beaucoup dans la région où il représente la Compagnie d’assurances "Le phénix espagnol". Homme simple, affable, d’une intelligence subtile, il jouit de l’estime générale et, malgré ses occupations paisibles, a le goût du risque. Pendant la guerre de 1939-1940, il sert dans les rangs du 2ème Bureau où il se fait particulièrement remarquer par son audace. L’un des premiers à rallier les mouvements de résistance, il est l’âme du service de renseignements et un des plus précieux collaborateurs du commandant "Gao" (René Jugie) comme chef de corps-franc A.S. et agent principal du S.R. des MUR de Corrèze sous le nom de "chocho". Il n’hésite pas à s’introduire au sein de la Gestapo et de la Milice pour obtenir des renseignements, se fiant plus à lui qu’aux indicateurs prêts à monnayer leurs services. Il sauve des camarades, en alerte d’autres. Arrêté le 4 juillet 1944, torturé, il garde le mutisme le plus complet, sauvegarde ainsi son organisation et la vie de nombreux camarades. Condamné à mort par un tribunal siégeant au collège Cabanis (d’Arsonval aujourd’hui), il fait stoïquement face à son destin et, sans faiblir, meurt en grand Français après avoir exprimé ses derniers vœux dans une lettre à sa famille, remise au curé de Saint-Martin, dans laquelle il dit "Priez et travaillez pour une France plus belle, je suis heureux de lui sacrifier toute ma jeunesse et ma vie". Ce grand patriote résistant est fusillé avec Guy BONJOUR le 17 juillet 1944 par les Allemands dans la carrière des Perrières.

Né en 1903, ancien sergent-chef dans l'infanterie, bijoutier à Brive, André DELON, son épouse Renée et leur fils Georges, alors âgé de 15 ans, entrent dans la Résistance dès 1940. Leur maison est un point de rencontre ; le chef national des groupes francs de Combat Jacques RENOUVIN, dont André DELON deviendra l'adjoint sous le pseudonyme "Desgrieux" puis le chef région en R 5, y sera hébergé en 1942. Les résistants en fuite, les agents de passage et les membres des groupes francs tels René LESCURE et André CHANTALAT seront accueillis inlassablement au numéro 17 de la rue de la Bouvie. L'aîné des enfants du couple DELON, Georges, est chargé quant à lui de la filature des suspects, du guet lors de quatre dynamitages et du transport des explosifs chez des amis sûrs dans son sac de camping. Il se rend chaque semaine à Tulle afin de préparer les "kermesses de RENOUVIN" au cours desquelles les boutiques des collaborateurs sont plastiquées.

Le 29 janvier 1943, les DELON sont arrêtés en compagnie de RENOUVIN à la gare de Brive ; Georges affirmera ne rien savoir et sera relâché après huit jours de prison et trois interrogatoires. Mais André DELON et Jacques RENOUVIN restent entre les mains de la Gestapo. DELON est transféré au camp de Natzwiller (Alsace) avant de succomber en décembre 1943 des suites des tortures subies lors des six mois de secret à Compiègne puis à Fresnes.  Georges continuera de suivre la voie tracée par son père en poursuivant ses liaisons avec la ville de Sarlat. Le capitaine FARRO le récupère et le désigne comme le chef des jeunes des M.U.R. où l'on enseigne le maniement des armes aux jeunes recrues de l'A.S. Il lui arrivera de faire le coup de feu contre des membres de la milice. Identifié et localisé par la Gestapo, Georges DELON se fixe à Tulle où il prend contact avec  les jeunes résistants du lycée avant de devoir prendre la fuite. Mme DELON est arrêté à sa place puis emprisonnée à Limoges jusqu'à la libération de la ville. Traqué, Georges DELON rejoint le groupe "Soleil" dans les maquis du Lot puis du Lot-et-Garonne et sera employé comme agent de liaison jusqu'à la libération.

Raymond Raoul FARRO, né à Alger en 1909, est mort à Tulle en 1944. Officier de carrière sorti de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, Raymond FARRO est capitaine au 126ème RI de Brive au moment de la déclaration de la guerre. Résistant dès 1941, il reçoit d’Edmond MICHELET la direction départementale puis régionale de l’Armée Secrète pour la "Région 5" en février 1943. Il désigne immédiatement les responsables des départements : BRIGOULEIX (Corrèze), BOISSIERE (Dordogne), FRANCOIS (Creuse), BERNARD (Vienne) et GEORGES (Cher). FARRO, au mois de juin 1942 selon la plaque apposée avenue Pompidou à Périgueux, préside une importante réunion ; d’après l’abbé Sigala, résistant, elle se serait tenue en novembre 1942 dans sa chambre de professeur de philosophie à l’institution Saint-Joseph de Périgueux. Qu’importe, le but est que le mouvement " Combat " essaie de rassembler les hommes de bonne volonté. Nonobstant l’arrestation de la majorité de son état-major le 29 janvier 1943 puis d’Edmond MICHELET le 24 février 1943, Raymond FARRO, d’une retraite de Dordogne, continue à organiser et à visiter les diverses formations placées sous son commandement, n'hésitant pas à parcours jusqu'à 120 km par jour en bicyclette. Il assure sa fonction sous divers pseudonymes : Fromonteil, Charbonnaud, Rivière et Rousseau. On retrouve le chef de l’Armée Secrète au Chatenest, à Bordas près de Périgueux, puis au Bugue (Dordogne), à Saint-Yrieix-La-Perche (Haute-Vienne) et Terrasson (Dordogne). Son activité, qui ne connaît aucun répit lui vaut d’être repéré et poursuivi sans relâche par la Gestapo. Le 12 mai 1943, sa cachette est cernée et ses hôtes arrêtés puis torturés alors que l'État-major se trouve en déplacement à Chateauroux. Il réorganise son service et retrouve après bien des recherches les archives de l'A.S. dans le tronc d'un vieil arbre. Il procède notamment à la fusion de tous les éléments militaires de la région (A.S., Verny, groupe Froment...) ; sa réussite lui vaut d'être reconnu à l'unanimité comme le chef de l'A.S. unifiée de R 5. Mais le 2 novembre 1943, il est arrêté au cours d'une réunion à Limoges ; lors du trajet vers la prison, il provoque une bagarre et parvient à s'enfuire du véhicule. Malgré les appels à la prudence, FARRO refuse de suspendre ses activités. Il installe son P.C. près de Terrasson. Le 20 mars 1944, lors d' une brève visite à sa femme enceinte, La gestapo se présente à son domicile de Brive qui fait l'objet d'une surveillance discrète depuis des mois. Malgré sa fuite au moyen d'une corde depuis le deuxième étage, il est solidement agrippé par les policiers puis transporté à Tulle. Demeurant dans un silence total et en réponse à son mépris vis-à-vis de ses bourreaux, Raymond FARRO subit les pires tortures. Ses voisins de cellule sont alors Roland MALRAUX, Charles DELSANTI, Louis BERTHEAU et le major PEULEVE, arrêtés le 21 mars à Brive. De peur qu’il ne s’échappe, ses tortionnaires lui tranchent les tendons d’achille. Incapable de marcher, il est traîné devant un mur de la prison de Tulle où il tombe dans un dernier cri de : "Vive la France" le 2 avril 1944. Comme l’a écrit le commandant Moune : "Le Colonel FARRO reste le symbole du patriotisme le plus pur, l’image du chevalier sans peur et sans reproche, l’exemple du courage et du sacrifice dont peuvent s’honorer la Résistance corrézienne et la grande tradition Saint-Cyrienne".

Né en 1896 à Nespouls, corrézien de souche, Théodore GALINAT s'engage à 18 ans où son courage lui vaut de sortir du rang et de gagner ses galons d'officier. Après avoir prit part avec ardeur à la campagne de France en 1940, il se retrouve trésorier de la Garde à Marseille lors de la dissolution de l'Armée. Le capitaine GALINAT quitte la cité phocéenne pour sa région natale et se met aussitôt en août 1943 à la disposition de René JUGIE, fondateur du groupement Gao, comme chef militaire de ce dernier. "Blanc" est chargé par l'État-major de l'A.S. de l'organisation des compagnies de Brive, d'Allasac ainsi que des camps de maquis de Vertougit et de Saint-Augustin. Recherché par la Gestapo, il est dénoncé par un jeune voisin : le 8 juin 1944, lors d'une mission à Palisse (commune de Malemort) avec le P.C. de la brigade A.S., il est appréhendé par la Gestapo tandis que son domicile est saccagé. Odieusement torturé lors de ses interrogatoires, le lieutenant-colonel Théodore GALINAT garde le silence le plus total ; lassés, ses bourreaux l'abandonnent. Il est transféré à la prison de Limoges et fusillé le 10 juin 1944 avec 16 autres patriotes à Gramont. Une citation mentionne : " Officier ardent, énergique et brave. Depuis 1940, n'a jamais cessé la lutte contre les Allemands. Chef d'État-major d'un mouvement de résistance de 320 hommes, a organisé diverses actions qui causèrent des pertes sensibles à l'ennemi. Arrêté par les Allemands le 8 juin 19444, n'a rien révélé des secrets qu'il détenait malgré les pires tortures. Fusillé à Gramont le 10 juin 1944".

Marius Guedinest né à Valay (Haute-Saône) le 22 octobre 1908 et est décédé à Arceau (Côte D'Or) le 22 mai 1993. Marius Guedin, après son certificat d'études primaires, entre dans la vie active et est appelé pour effectuer son service militaire en 1929 dans l'armée d'occupation en Allemagne. Il y choisit la carrière des armes en demandant à suivre le peloton d'élèves-gradés. Sorti sergent, il s'engage  au 27ème R.I. à Dijon et est envoyé à Clermont- Ferrand pour y préparer le concours d'entrée à l'école de Saint-Maixent (Deux-Sèvres). Il intègre l'école et est promu sous-lieutenant en 1939. Sa première affectation est le 60ème Régiment d'Infanterie basé à Besançon et c'est avec ce régiment, après avoir été promu lieutenant, qu'il participe à la bataille de France en 1940, en Alsace, sur la Somme puis dans l'Oise. Se distinguant par son audace et son sens de la tactique, il est promu capitaine sur la ligne de feu à titre temporaire. L'armistice de juin 1940 survient au moment où le 60èmeRI, réduit à quelques centaines d'hommes, se trouve en Dordogne. Il est alors affecté au 41ème Régiment d'Infanterie basé à Brive où il devient capitaine à titre définitif et commande la 8ème compagnie jusqu'à la dissolution du régiment en novembre 1942. Il entre rapidement dans la Résistance où il devient responsable des maquis et adjoint de son ami VAUJOUR.

Il parvient à faire sortir de la caserne Brune de Brive une grande quantité d'armes. Ces armes seront la base de l'équipement des premiers maquis de l'Armée Secrète de Corrèze ; il entre dans la clandestinité sous le nom de "Georges" et prend le commandement des maquis de l'A.S. corrézienne qui, lors du débarquement des alliés en Normandie le 6 juin 1944, harcèle la division Das Reich. Devenu "colonel", Guedin participe activement aux négociations pour la reddition de la garnison de Brive et obtient sa capitulation sans condition. Marius Guedin et un grand nombre de ses maquisards rejoignent l'armée de de Lattre de Tassigny, prennent part à la bataille et à la prise de Belfort ainsi qu'à la libération du sud alsacien avec la Brigade de Corrèze puis du régiment de marche Corrèze-Limousin. À la fin des hostilités, il se trouve en Allemagne, à la tête du 9ème régiment de zouaves pendant quelques semaines, et s'associe à l'occupation en Autriche de 1945 à 1949 où il est promu chef de bataillon. Il revient à son premier régiment, le 27ème RI, cette fois comme lieutenant-colonel et adjoint au chef de corps en 1951. Il se porte volontaire lors de l'intervention de la France en Indochine et combat durant plus de deux ans en Cochinchine. À l'automne 1954, il prend le commandement en second du 4ème régiment de zouaves de Tunis jusqu'en 1957 puis il commande le Centre d'Instruction numéro 4, basé sur le lac de Constance, du 42ème RI et, en 1961, il regagne la France pour commander la subdivision de l'Ain à Bourg-en-Bresse ; promu deux ans plus tard général de brigade, il est nommé commandant de la 80ème division militaire territoriale à Clermont-Ferrand où il achève sa glorieuse carrière militaire le 21 octobre 1966. Il prend sa retraite à Dijon puis se retire dans sa maison familiale de Fouchanges, à Arceau (Côte D'Or), où il est élu maire en 1977 et le reste jusqu'en 1983. Il est fait commandeur de la Légion d'honneur en 1958 et grand-officier de l'Ordre national du Mérite en 1970 par Michel DEBRE, alors ministre de la Défense. Il est également titulaire de la rosette de la Résistance, des croix de guerre 39-45 et des Théâtres d'Opérations Extérieures et de la croix de la valeur militaire ; il totalise huit citations et a reçu de l'État d'Israël la médaille des Justes de Yad'shem pour avoir caché à son domicile une famille juive recherchée par les Allemands ; il est également citoyen d'honneur de la ville de Brive-la-gaillarde. Marié, père de six enfants, il était dix-huit fois grand-père et vingt-trois fois arrière-grand-père.

Georges Guingouin est né le 2 février 1913 à Magnac-Laval (Haute-Vienne). Son père, sous-officier de carrière, est mort pour la France le 28 août 1914 à Bapaume ; sa mère était institutrice. Après des études à l'École Primaire Supérieure de Bellac, il intègre l'École Normale d'Instituteurs de Limoges. Appelé sous les drapeaux en 1934 comme secrétaire d'État-major à la 6ème Compagnie du Train à l'École Militaire de Paris, il est ensuite nommé à un poste d'instituteur à Saint-Gilles-les-Forêts (Haute-Vienne). Il est en outre secrétaire du rayon communiste d'Eymoutiers comprenant les cantons de l'est du département. Mobilisé le 23 août 1939 au groupe de transport 120/124, blessé le 17 juin 1940, il est évacué à l'Hôpital Sainte Madeleine de Moulins. Le 18 juin, la ville est attaquée par les Allemands. Se refusant à être fait prisonnier, Georges Guingouin rejoint sous la mitraille le poste de secours de l'unité qui défendait la ville et se fait évacuer sur Montluçon le jour même où le général de Gaulle lance son célèbre Appel depuis Londres. Revenu dans ses foyers et remis de ses blessures, Georges Guingouin organise la résistance dès juillet 1940, forme des groupes clandestins, édite et diffuse des tracts contre le gouvernement de Vichy, confectionne des fausses cartes d'identité, mais il se trouve en désaccord avec la ligne politique préconisée par Jacques Duclos. Il refuse de reproduire et diffuser la Vie du Parti n° 9 de septembre 1940 qui déclare : "Nous devons être sans haine vis-à-vis des soldats allemands. Nous sommes contre de Gaulle et le clan capitaliste dont les intérêts sont liés à Vichy". En février 1941, il échappe de peu aux inspecteurs de police venus l'arrêter. En avril, il "prend le maquis", se réfugiant dans une sapinière de la commune de Soudaine-Lavinadière en Corrèze. Gabriel Roucaute, l'un des dirigeants du Parti communiste clandestin de la zone sud, le considère comme "le fou qui vit dans les bois".

À la tête d'une imprimerie clandestine, Georges Guingouin vit dans les plus dures conditions, tantôt dans des cahutes, des maisons inhabitées ou même dans des souterrains. Il organise des distributions massives de tracts lors des grands rassemblements que sont les foires. Le 1er octobre 1941, à Saint-Gilles-les-Forêts, il enlève un stock de cartes d'alimentation à la mairie. Le 21 janvier 1942, il est condamné par contumace par le Tribunal Militaire de la 12ème Région aux travaux forcés à perpétuité. Il crée les premiers groupes armés qu'il baptise "Francs-Tireurs." En mai 1942, Roucaute le somme d'arrêter son action considérant qu'elle doit être menée essentiellement dans les centres urbains. Devant son refus, on envisage de le supprimer. Cependant, Georges Guingouin ne peut se résoudre à abandonner les hommes qu'il a organisés en groupes de combat. À la fois chef et soldat, il dirige de nombreuses actions de sabotage. L'économie de guerre locale est frappée par la destruction de deux chaudières à l'usine de régénération de caoutchouc Wattelez à Limoges le 8 mai 1943. Puis une atteinte sévère est portée aux communications de l'armée d'occupation, le 12 juillet 1943, par le sabotage du câble téléphonique souterrain reliant la base des sous-marins de Bordeaux à l'État-major de la Kriegsmarine à Berlin. Plus retentissant, l'enlèvement de la Commission d'armistice franco-allemande de Limoges, le 28 mars 1944. Le "héros" de la division blindée SS Das Reich, le Sturmbannführer Helmut  Kämpfe, est capturé le 9 juin 1944 par un groupe de la 1ère Brigade du colonel Guingouin le 9 juin 1944 dirigé par le sergent CANOU (rappelant cette capture sous la forme d'un monolithe de granite de 60 tonnes et 6 mètres de haut dressé sur les lieux en 1986, la stèle de Moissannes - photo ci-dessous - a été réalisée par l'artiste Jean-Joseph SANFOURCHE).

La région Est de la Haute Vienne devient une terre de résistance, désignée par les Allemands eux-mêmes comme une "petite Russie". Face aux réquisitions, la plupart des paysans gardent leur fourrage car, dès décembre 1942, les botteleuses du Ravitaillement général sont détruites, ainsi que leur blé, en 1943, les batteuses subissant le même sort. Enfin Georges Guingouin s'oppose ouvertement à l'autorité de Vichy en signant de son nom les affiches du Préfet du Maquis imposant un barème plus rémunérateur pour les produits agricoles et obligeant les meuniers à revenir à un taux de blutage normal. Le pain blanc revient sur les tables et les paysans reconnaissants disent alors : "Que lo Maquis qui nous baillen lou po blanc". Objet d'une attaque allemande du 17 au 24 juillet 1944, la 1ère Brigade du colonel Guingouin perd 97 tués et blessés mais inflige à l'ennemi des pertes triples, soit 342 soldats tués et blessés. Le 3 août, le colonel Guingouin devient chef départemental de la 4ème Brigade FFI. Il prépare les opérations qui doivent amener la libération de Limoges au soir du 21 août.

Insigne du maquis limousin                La libération de Limoges

Élu maire de Limoges de 1945 à 1947, il reprend ensuite son métier d'instituteur dans l'Aube. Exclu du P.C.F. en novembre 1952, il est arrêté et incarcéré à Brive le 24 décembre 1953 dans l'affaire "des assassinats de Chamberet". Défendu par Me Roland DUMAS, il bénéficiera d'un non-lieu prononcé en 1959 par la chambre de mise en accusation de Lyon. Lieutenant-colonel honoraire, Georges Guingouin prend sa retraite en 1968. Il est décédé le 27 octobre 2005 à Troyes. Il était officier de la Légion d'Honneur, compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945, Croix de guerre 39/45 avec palme, médaillé de la Résistance avec rosette, King's Medal for Courage (GB), Acte de Reconnaissance de la Nation américaine, Médaille Garibaldienne. Il avait publié: Documents et récit sur la libération de la ville de Limoges, Limoges 1945, Nouvelle de Prison, Limoges 1955, Quatre ans de lutte sur le sol limousin, Limoges, Georges Guingouin, Premier maquisard de France, Limoges 1983. 

Né en 1914, René JUGIE est le fondateur du groupement GAO, chef départemental du S.R. et du groupe franc, secrétaire général des M.U.R, du M.L.N. et du C.D.L. de Corrèze, chargé de mission de 1ère classe P.2 des réseaux Kasanga-Galla et Nestor-Buckmaster. Liquidateur de l'A.S.-M.U.R.-M.L.N. de Corrèze, son fonds documentaire exceptionnel a été reversé aux Archives Départementales de Corrèze à Tulle.

Roger Lescure est né le 23 décembre 1912 à Albussac (Corrèze) dans une famille de cultivateurs meuniers. Après des études secondaires, il travaille dans l'hôtellerie comme maître d'hôtel. Il effectue son service militaire au 20ème régiment de Dragons à Limoges en 1934-1935. Employé de commerce et ouvrier du bâtiment, il est mobilisé en août 1939 au 19ème C.R.C.A. Il prend part aux opérations avec son unité à partir du 10 mai 1940 avec le grade de maréchal des logis. Démobilisé, il entre dans la résistance dès septembre 1940, au sein de l'Organisation Spéciale. Membre de l'État-major du mouvement de résistance "Front National" pour la Corrèze, il crée à Brive les premiers francs-tireurs et une caisse de solidarité au profit des internés politiques. Le 27 décembre 1941, il participe à l'enlèvement des cartes d'alimentation et, le 16 janvier 1942, à l'enlèvement des cinq machines à écrire de la mairie d'Albignac (Corrèze). Il prépare, de façon très active, la grande manifestation de Brive, le 11 novembre 1942, sous l'occupation allemande. Il organise les premiers groupes du maquis en Haute-Corrèze (Mauzac, Lelonzac, Marcillac, Lacroisille) et participe, le 16 décembre 1942, au sabotage de grues du dépôt de Brive. Arrêté le 6 avril 1943, il est interné au camp de Saint-Paul-d'Eyjeaux. Là, il organise une caisse de solidarité clandestine au profit des familles de prisonniers. Déporté à la citadelle de Saint-Martin de Ré le 1er juin 1943, comme otage, il monte une organisation avec 16 prisonniers puis, par suite de contacts avec les camionneurs civils, organise son évasion le 12 septembre 1943 et celle de la totalité du groupe à quelques jours d'intervalle. Il rejoint immédiatement les Franc-Tireurs et Partisans Français à Brive et, le 13 septembre 1943, prend le commandement du détachement "Lucien Sampaix" près de Turenne. Le 14 octobre 1943, il sabote 16 locomotives du dépôt de Brive malgré la surveillance ennemie. De novembre 1943 à février 1944, il dirige l'École des Cadres inter-régionaux FTPF en Dordogne, à Faulac, d'où sortiront les premiers officiers FTPF. Le 27 janvier 1944, il organise une contre-attaque contre trois camions de la Milice venus attaquer l'école ; arrêtant la débandade des hommes, au feu pour la première fois, il prend leur tête et attaquant à la grenade, réduit au silence les deux F.M. ennemis en position et met l'adversaire en fuite en quelques minutes. De février à avril 1944, Roger Lescure alias Murat occupe le commandement militaire de la Dordogne, avec un bilan de 460 ennemis tués et 156 locomotives sabotées. Membre de l'État-major FTP puis de l'État-major des Forces Françaises de l'Intérieur de la Région R 5, Roger Lescure abat personnellement Georges Mermoz, chef de la Gestapo française en Dordogne et son adjoint Saesse. Après le 6 juin 1944, il exécute le plan de minage des grandes routes, faisant subir à l'ennemi la perte de 22 chars auto mitrailleuses dans le Lot et de 200 tués. Il dirige la bataille d'Égletons du 14 au 18 juin 1944. Il établit pour chaque ville un plan d'encerclement et participe aux négociations de la reddition allemande à Tulle. Il envoie deux régiments (Riko et Demorny) sur Angoulême le 22 juillet 1944 et 2.000 hommes à Toulouse le 19 août 1944 pour occuper la ville. Roger Lescure termine la guerre avec le grade de lieutenant-colonel FFI. Après la guerre, il travaille de nouveau dans l'hôtellerie, à Brive, puis devient exploitant de carrières et de travaux publics en Limousin, et enfin commerçant dans la confection de prêt-à-porter. Roger Lescure prend sa retraite en 1980. Il préside l'Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance de la Corrèze et est Vice-président de l'U.D.A.C. de la Corrèze. Il est Commandeur de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération par décret du 17 novembre 1945, Croix de Guerre 39/45 avec palmes, médaillé de la Résistance avec rosette, Croix du Combattant Volontaire 39/45. Il a participé à l'édition de "Maquis de Corrèze" (Éditions Sociales).


Edmond Charles Octave MICHELET est né à Paris dans le XIXe arrondissement, le 8 octobre 1899. En janvier 1918, il s'engage volontairement pour la durée de la guerre. Affecté au 126ème régiment d'infanterie de Brive, il découvre la Corrèze et Brive où il se marie. Autodidacte, il milite à l'Action catholique de la jeunesse française dont il devient le président en Béarn en 1922 puis en Corrèze lorsqu'il se fixe définitivement à Brive en 1925. En 1932, il développe les Equipes sociales, créées par Robert GARRIC en 1919, dont le but était de faciliter l’ascension professionnelle, intellectuelle et morale de ses membres défavorisés en dehors de toute idée de cloisonnement. Devant la montée du nazisme il crée le Cercle Duguet, un groupe de réflexion qui organise, entre autres, une série de conférences intitulée : « Les dangers qui menacent notre civilisation ». Parmi les titres de celle-ci : « Comment défendre la personne humaine en danger ? », « l’état totalitaire », « le racisme », « l’antisémitisme ».

Père de famille, il n'est pas mobilisé en 1939 mais organise le Secours national pour venir en aide aux nombreux réfugiés. Il pose un premier acte de résistance dès le 17 juin 1940 en distribuant avec des amis, dans les boîtes aux lettres de Brive, un tract reprenant un texte de Charles PEGUY extrait de "L'argent" : « celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend ». Fin 1940, « Duval », tel est son pseudonyme, organise le groupe « Liberté » qui s'intégra au mouvement « Combat » fin 1941. En 1942, il en devient chef régional puis prend la direction de la région 5 des Mouvements Unis de la Résistance. Edmond MICHELET est arrêté pour ses activités de résistance par la police allemande le 25 février 1943. Emprisonné d'abord à Fresnes, au secret pendant 6 mois, il est déporté à Dachau le 15 septembre 1943. À la libération du camp, le 29 avril 1945, il représente la France au Comité international et s'occupe du rapatriement de tous les Français ainsi que de celui des Espagnols internés. atteint du typhus, il rentre en France le 27 mai 1945."

En juillet 1945, il est désigné par le Mouvement de libération nationale comme membre de l'Assemblée consultative provisoire. Le 21 octobre 1945, il est élu député de la Corrèze à la première Assemblée constituante dans les rangs du Mouvement républicain populaire. Il devient le 21 novembre 1945, ministre des Armées du gouvernement de De Gaulle. En juin 1946, il est élu député à la deuxième Assemblée constituante et en novembre 1946, il est élu député à la première Assemblée législative. Adhérent du RPF, il est exclu du MRP puis devient membre du Conseil de direction du RPF de 1949 à 1953 avant de se trouver à la tête de tous les partis gaillistes du RPF à l'UNR-UDT. Battu aux élections législatives du 17 juin 1951 en Corrèze, il est élu en mai 1952, conseiller de la République et devient vice-président de la Haute Assemblée en 1958. En 1954, il dirige la délégation française à l'ONU. Le 9 juin 1958, MICHELET devient ministre des Anciens Combattants, fonction qu'il conserve jusqu'en 1959, puis ministre de la Justice, du gouvernement de Michel DEBRE, entre le 8 janvier 1959 et le 24 août 1961. Il entre au Conseil constitutionnel en février 1962. Le 12 mars 1967, il est élu député de la première circonscription du Finistère à Quimper. Le 6 avril 1967, Edmond MICHELET revient au gouvernement comme ministre chargé de la Fonction publique. Après le 31 mai 1968, il est ministre d'Etat sans portefeuille. Après les élections des 23 et 30 juin 1968, avec la formation du gouvernement Couve de Murville, il retrouve son banc de député du Finistère à l'Assemblée. Il le quitte le 20 juin 1969 pour recueillir les Affaires culturelles dans le gouvernement Chaban-Delmas où il succède à André MALRAUX. Il occupe ce poste jusqu'à sa mort, le 9 octobre 1970, à Marcillac près de Brive.
 
Edmond MICHELET a reçu le prix littéraire de la Résistance en 1959 et le Grand prix littéraire franco-belge de la Liberté en 1960 pour son ouvrage de souvenirs "Rue de la Liberté". Il était président de l'Amicale des Anciens de Dachau dont il sut maintenir l'unité malgré la guerre froide et président fondateur de l'Association France-Algérie en 1963. Sa maison au 4 rue Champanatier à Brive-la-Gaillarde est depuis 1976 un centre d'étude (musée, bibliothèque, service d'archives et de documentation, service éducatif) consacré à la vie et l'oeuvre d'Edmond MICHELET, la Résistance, la Déportation et les Droits de l'homme.

Robert Noireau est né à Vicq dans le Nord le 2 septembre 1912 d'un père assureur. Après ses études primaires, il entre dans le bâtiment où il devient bientôt cadre. Il effectue son service militaire en octobre 1933 dans l'Armée de l'Air et est réformé pour raisons de santé au bout d'un an. Mobilisé en février 1940 à la 1ère Compagnie Spéciale de Travailleurs Militaire, démobilisé en août 1940 et refusant l'armistice, Robert Noireau entre dans la Résistance dès le mois de septembre. Il est responsable pour la zone Paris Ouest de l'Organisation Spéciale du Front National jusqu'en février 1941. Arrêté, il est mis en liberté provisoire pour raisons de santé et passe en zone sud en août 1941. Dès lors, il se lance dans diverses actions de sabotage de matériel de mine et de matériel ferroviaire dans les Charbonnages de Decazeville et du Bassin d'Alès. Il prend une part active à la résistance à Robiac dans le Gard et à Aubin dans l'Aveyron. Arrêté par la Gestapo à Aubin, le 3 août 1943, il parvient à s'évader de la prison des SS de Rodez le surlendemain. Immédiatement il gagne le maquis du Lot.
Sous le nom de lieutenant-colonel Georges, il se signale immédiatement comme un organisateur de premier ordre et, prenant le maquis quasiment à zéro, le rassemble et en fait une armée. Rapidement, il dirige le maquis du Lot en qualité de chef départemental de l'Armée Secrète puis des Mouvements Unis de Résistance et FTPF. Il participe à tous les coups de main, passe ses nuits sur les routes, rencontre tous les responsables et parvient par son insistance et sa conviction à fondre tous les mouvements en un seul. Dès le début de 1944, à la tête de 1.200 FFI armés et équipés, il commande des opérations multiples (attaques de convois ennemis, sabotage ferroviaire,...). Au 6 juin 1944 ses effectifs atteignent le nombre de 5.500 hommes. Ainsi, à l'été 1944, Robert Noireau commande l'ensemble des FFI du département contribuant largement à la libération du Lot. Le 17 août ses troupes prennent Cahors. Le 23 août Toulouse est libérée et le lieutenant-colonel Georges prend le commandement de la place et rétablit l'ordre. Il reste commandant d'armes de Toulouse sous les ordres du général Collet jusqu'au 31 décembre 1944. Le lieutenant-colonel Georges prend, à partir du 1er janvier 1945, le commandement du Régiment du Lot bientôt engagé dans la réduction des poches de l'Atlantique. Au cours des combats de la Pointe de Grave, il n'hésite pas à payer de sa personne et donne à ses hommes un magnifique exemple de courage, arrachant à l'ennemi ses positions les plus fortifiées. Après la guerre, il devient entrepreneur de bâtiment à Boulogne-sur-Mer de 1946 à 1978. Robert Noireau est décédé à Beauvais le 10 avril 1999. Il a été inhumé à Berthecourt dans l'Oise. Il était Commandeur de la Légion d'Honneur, Compagnon de la Libération par décret du 20 janvier 1946, Commandeur de l'Ordre National du Mérite, Croix de Guerre 39/45 (3 citations), médaillé de la Résistance, Croix du Combattant, Croix du Combattant Volontaire de la Résistance, médaillé des Internés Résistants. Il a écrit "Le Temps des Partisans" (Flammarion).

Né à Paris le 6 octobre 1905, Jacques RENOUVIN, étudiant en droit puis avocat, milite à l’Action française qu'il quitte après le 6 février 1934. En novembre 1938, après les accords de Munich, il défraye la chronique en giflant sous l'Arc de Triomphe l'ancien président du Conseil Pierre-Etienne FLANDIN qui préconisait une attitude conciliante avec l'Allemagne hitlérienne et avait cru bon d’adresser un télégramme de félicitations à HITLER. Mobilisé en 1939, il refuse avec éclat une affectation spéciale de capitaine de justice militaire et est volontaire à 35 ans comme sous-officier de corps francs. Il fait une brillante campagne, est blessé puis fait prisonnier. Il s’évadera de l’hôpital où il a été conduit. Il se retrouve à Montpellier lors de l'armistice où il est pressé par ses amis, notamment Pierre GUILLAIN DE BENOUVILLE, de rejoindre Londres via l'Afrique du Nord. Me RENOUVIN refuse car "c'est en France qu'il faut reprendre le combat. Il faut organiser, ici, une vaste résistance et utiliser ceux qui ne veulent pas se résigner. Réveillons la France, liguons-nous et luttons...".

 

Après avoir été démobilisé, il passe en zone sud et fin 1940 rejoint le mouvement clandestin Liberté créé par un petit groupe de professeurs démocrates-chrétiens. Plus spécialement chargé de la propagande, il organise pour cela des commandos de jeunes. Après la fusion entre Liberté et Les Petites Ailes qui crée le mouvement Combat, il sera chargé par Henri FRENAY d’organiser des Groupes francs dans toute la zone libre. Devenu chef national des Groupes francs de Combat en 1942 sous le pseudonyme de Joseph RICARD, il s'installe chez la famille DELON à Brive dont André sera l'adjoint, Renée recevra quant à elle les résistants en fuite et servira de boite aux lettres tandis que le fils Georges participera aux coups de main. Il organise avec ses collaborateurs René LESCURE et André CHANTALAT ses fameuses "kermesses" au cours desquelles des équipes sont chargés de plastiquer entreprises, magasins, kiosques et sièges de propagande acquis à la cause de l'occupant ou de la milice.

RENOUVIN devient l’un des Français les plus activement recherchés par toutes les polices. Il veille cependant à l'entraînement de ses volontaires. Malheureusement, un agent double alsacien dénonce l'état-major de "Combat et le 29 janvier 1943, les DELON, RENOUVIN et LAUNAY sont arrêtés  par la Gestapo en gare de Brive-la-Gaillarde en même temps que Mireille TRONCHON, que Jacques RENOUVIN avait épousée dans la clandestinité. Transféré à la prison de Fresnes, il sera torturé pendant des mois avant d’être déporté en Allemagne le 29 août 1943. Interné à Mauthausen, il y meurt d’épuisement et de maladie le 24 janvier 1944. De son union avec Mireille Tronchon est né, le 15 juin 1943, un fils, Bertrand Renouvin, pendant que sa mère était encore détenue à la prison de La Santé. Il a été nommé Compagnon de la Libération.

Dès sa libération de son camp de prisonniers le 19 août 1941, le lieutenant-colonel de réserve Gontran ROYER (1898-1956) est contacté par un responsable de la Résistance puis présenté à Edmond MICHELET qui lui confie la mission de constituer les premières compagnies sédentaires de l'arrondissement de Brive à mobiliser en cas d'action militaire. Sous les ordres de Raymond FARRO, il organise l'A.S. "Combat". Un an plus tard, avec BRIGOULEIX à Tulle, SIRIEIX et LE MOIGNE à Ussel, Gontran ROYER regroupe quelques 2.000 hommes dans le département de la Corrèze. Suite à l'arrestation de Martial BRIGOULEIX en 1943, ROYER prend le commandement de l'A.S. de Corrèze et développe la mise en place des maquis qui abriteront les résistants traqués et les réfractaires au S.T.O. Appelé à l'État-major de Lyon, Gontran ROYER reçoit de Michel BRAULT, le chef national des maquis, le commandement des maquis de la région 5 en collaboration avec Georgette GERARD alias "commandant Claude" au début de juin 1943. Malgré les désaccords croissants entre l'A.S. et les F.T.P. quant aux modes d'action, le colonel ROYER n'en intensifie pas moins ses activités sous les pseudonymes "Raffin" puis "Pierrette". Entré dans la clandestinité depuis de nombreux mois, il reçoit en décembre 1943 un appel téléphonique lui enjoignant de se rendre à Limoges, rue de la Mauvandière, afin de rencontrer un envoyé de Londres dans l'arrière boutique d'un photographe. Tombé dans un guet-apens de la Gestapo, le chef des maquis de R 5 est conduit à la maison d'Arrêt de Limoges après avoir subi les plus affreuses tortures au "Tivoli". Déporté à Buchenwald, il parvient à revenir de l'enfer concentrationnaire mais très affaibli. Liquidateur départemental du M.L.N. à partir de 1945, président de l'amicale des anciens résistants de l'A.S.-M.U.R. de la Corrèze et publiciste au sein de la société P.E.R.F.R.A.C., Gontran ROYER est décédé le 17 mars 1956.

Second enfant du comte d'USSEL, Guillaume, né le 7 juillet 1906, se destine au métier des armes. Sorti de Saint-Cyr dans un rang honorable, il est affecté au Maroc où il participe à la campagne de pacification ; il y gagne dans les rangs du 8ème Spahis marocains la croix de guerre des Théâtres d'opération extérieure avec citation à l'ordre de la division. Lors des engagements de 1939, Guillaume d'USSEL, promu capitaine, est blessé alors qu'il venait de stopper une unité allemande prête à se rendre. Au lendemain de l'armistice, il prend son poste d'instructeur à l'école de Saint-Cyr repliée à Aix-en-Provence. Mais, suite à la dissolution de l'Armée, il se retire dans la maison familiale à Neuvic d'Ussel et renoue des contacts établis au combat. L'O.R.A. lui confie notamment les responsabilités des départements de la Corrèze, de la Creuse et de la Dordogne et le charge de provoquer la fusion des éléments de l'armée disséminés. Sous les ordres de Raymond FARRO, avec les capitaines GUEDIN et VAUJOUR, il donne à l'A.S. la forme définitive sous laquelle elle va se battre contre la division Das Reich en juin 1944. Malgré de nombreuses propositions, Guillaume d'USSEL refusera toujours de passer en Afrique du Nord. Le 5 mai 1944, accompagné de deux officiers, il se rend à Brive où il doit rencontrer le chef de l'A.S.-M.U.R. de Corrèze VAUJOUR mais les trois hommes font l'objet d'une rafle au carrefour de l'Hôtel de Bordeaux. Victime d'une indiscrétion, identifié comme étant "Nicolo", il est interrogé, frappé mais se borne à répondre "Je suis un officier français. J'ai donné ma parole d'honneur à mes camarades. Je ne dirai rien". Dirigé sur Nekargerach où il y subit les pires tortures, il succombe à la faim et à la dysenterie le 27 novembre 1944. Son corps sera identifié grâce au geste pieux d'un déporté qui lui glissera dans la bouche un tube d'aspirine dans lequel il a inscrit son nom. Guillaume d'USSEL repose dans le caveau familial de Neuvic d'Ussel.

René Paul Elie Vaujour, né à Tulle (Corrèze) le 30 août 1906, est décédé à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 27 décembre 1957. Élève à l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, il choisit la Légion étrangère avec laquelle il participe à la pacification du Maroc. Il devient ensuite officier des affaires indigènes puis officier de tirailleurs marocains. Homme d'action, le capitaine VAUJOUR entre dans la Résistance en 1942 après la dissolution du 41ème R.I. comme chargé de la censure au sein de l'Organisation de la Résistance de l'Armée. Il plonge dans la clandestinité sous le pseudonyme "Hervé" puis "Patrick" avec l'occupation de la zone libre le 11 novembre 1942. Devenu chef de l'Armée Secrète des Mouvements Unis de la Résistance (AS-MUR) Corrèze à partir d'octobre 1943, il installe son P.C. à Chenailles-Marcheix ; il y forme les éléments de l'Armée Secrète et organise avec Marius GuEdin, cette armée de l'ombre chargée de retarder, le 6 juin 1944, les forces allemandes se rendant vers la Normandie, et ce, sans occuper de ville ou de village pour éviter les représailles sur la population. Ce sont eux qui libèrent Brive le 15 août 1944 ; VAUJOUR est alors l'un des signataires de l'acte de reddition de la ville de Brive. Ils forment ensuite le Régiment de Marche Corrèze-Limousin qui devient, au sein de la 1ère Armée française, le 9ème zouaves qui entre en Allemagne et jusqu'au nid d'aigle de Berchtesgaden. Le colonel Vaujour est ensuite affecté à la 43ème demi-brigade de parachutistes de choc à Pau (Pyrénées-Atlantiques), puis est nommé gouverneur militaire de Trèves (Allemagne). C'est ensuite le Constantinois (Algérie) comme adjoint au général commandant la 19ème division d'infanterie, puis Rennes où en 1957, au moment d'être nommé général, une grave opération coûte la vie à cette superbe figure de l'Armée Française.


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