Aujourd'hui, 

un "état des lieux" de la mémoire

 

 

À noter la parution de la première biographie de référence de Marie-Madeleine FOURCADE par l'historienne Michèle COINTET en septembre 2006 aux éditions PERRIN.

 

Conférences de l'auteur pour l'Association "Mémoire et Espoirs de la Résistance" (1 - 2 - 3)


Après le décés de Marie-Madeleine FOURCADE le 20 juillet 1989, son fidèle radio "Pie", Ferdinand Edward RODRIGUEZ-REDINGTON, poursuit son action de mémoire et de secours à la tête de l'Association Amicale Alliance (AAA) jusqu'à son décés survenu le 22 janvier 1999 à Neuilly-sur-Seine. Emile HEDIN (1912-1999) succède à "Hérisson" comme liquidateur du réseau et vice-président de l'AAA. La fille de Roger MONCOMBLE alias "Bichon", Monique MIQUEL-MOCOMBLE, devient la secrétaire générale. Au cours du processus de dissolution de l'AAA (qui intervient le 6 février 2001 sous la présidence d'Aimé AUBERT (1913-2003) et dont le drapeau et des archives sont remis à la fondation de la Résistance le 11 septembre 2007), elle fonde le 18 juin 2000 une association dénommée "L'Alliance" dont elle devient la présidente, avec Yvonne BOILEAU (vice-présidente), Annick GUERIN DE VAUGRENTE (trésorière) et Richard KAUFFMANN (secrétaire général). Suite au décès de Monique MIQUEL-MOCOBLE en 2011, Richard KAUFFMANN occupe la fonction de président jusqu'à son décès survenu le 1er janvier 2023.



À signaler également la reconversion réussie de la Manufacture des tabacs de Lyon ; Avant de devenir une annexe de l'Université Lyon 3 Jean-Moulin, la fabrique de tabac avait été construite pour pallier la production insuffisante de la manufacture de Perrache à la fin du XIXe siècle ; bâtie sur l'actuel cours de Verdun, sa vétusté et ses murs sombres donnaient au quartier une image peu ragoûtante. Une décision ministérielle du 21 novembre 1899 permit le démarrage de l'édification de cette nouvelle usine sous la direction de Joseph CLUGNET, ingénieur en chef du Service central des manufactures de l'Etat, qui s'étala entre 1912 et 1932 au lieu des cinq années initialement prévues en raison de la Grande guerre et de la pénurie de main d'oeuvre disponible. Mais dès 1927, la production commença sous la houlette de la Société d'Exploitation Industrielle des Tabacs et Allumettes (SEITA). Près de quatre millions de kilos de tabac à pipe, scaferlatis, tabac ordinaire et cigarettes sortaient chaque année des murs de la « Manu » depuis les années 30 ; une production qui plaçait la capitale des Gaules au second rang des vingt-deux manufactures françaises.

C'est en 1988 que l'activité industrielle cessa avec le déménagement de la direction régionale de la distribution à Mions. Deux ans plus tard, la communauté urbaine de Lyon (Courly) racheta les lieux pour les mettre à la disposition de l'Université Lyon 3
Jean MOULIN dans le cadre de l'opération "L'Université dans la Ville". La rénovation de cette friche industrielle, menée par le cabinet de l'architecte lyonnais Albert CONSTANTIN commença dans les deux parties bien distinctes du bâtiment : le secteur réservé à l'exploitation du tabac (les ateliers de fabrication), et les annexes (bureaux, maison du directeur, de l'ingénieur). Le seul ajout dans cette rénovation est la bibliothèque, implantée à l'intérieur de la cour de la « Manu ». Verre et acier donnent une touche futuriste à cette architecture industrielle unique dans le paysage urbain lyonnais plutôt sobre et imposante composée de façades en briques. Les bâtiments accueillent 5.000 étudiants dès octobre 1993 et à terme 15.000 étudiants. Le grand bâtiment en brique du Cours Albert-Thomas, surnommé La "Manu", bénéficie du label "Patrimoine du XXème siècle".

 

Le succès des journées du Patrimoine à la "Manu" en 2004 a fait naître l'idée de concevoir à terme dans le lieu une exposition sur l'histoire du site pour laquelle les témoignages et documents sont les bienvenus "l'idéal étant de trouver d'anciens agents de la Manufacture dont des descendants seraient étudiants à l'Université Lyon 3" selon l'édition du 15 octobre 2004 du quotidien LE PROGRES.


De plus, la décision de mise en lumière des bâtiments a été signée le 13 février 2006 pour un coût de 400.000 euros. Les trois principales façades seront ainsi éclairées pour la Fête des Lumières le 8 décembre. Cependant, la polémique gronde au sujet d'une future destruction du dernier des quatre pavillons entourant la manufacture, le Plan Local d'Urbanisme prévoyant en effet que ce bâtiment soit détruit lors de la construction de la ligne T 4 du tramway : "Nous avons déjà fait l'erreur de raser un des pavillons pour un Mac Donald ! Le plus beau des quatre, la réplique conforme du bureau d'Allende, dans son palais de la Moneda. Le même marbre, la même conception ! Le P.L.U devrait préserver le dernier. La brique est rare dans notre région. Ce serait briser l'homogénéité du site et priver les Lyonnais de leur patrimoine" tempête le président du Comité d'Intérêt Local du 8ème arrondissement, Eddie Gilles-Di PIERNO.

 - édition du 18 février 2006

Implantée depuis 1992 à Mions, la direction régionale de la distribution de la SEITA a pris un nouveau tournant dans son existence. Après son déménagement de la célèbre Manufacture des tabacs lyonnaise, elle est entrée dans l'ère moderne. Son rôle : distribuer les produits des tabacs (1 000 références) et tous ses produits annexes (télécartes, allumettes...), dans les meilleurs délais, avec la plus grande efficacité et les meilleurs prix. L'antenne miolande - maillon essentiel de la SEITA - achemine ses 450 commandes par jour chez 4 450 débitants de tabac (35 000 débitants de tabac en France) disséminés dans 13 départements différents. Unique en son genre, ce site de distribution entièrement automatisé, nécessite la plus grande attention car cet établissement ultra-moderne traite 400 commandes par jour (35 millions de CA par jour), soit plus de 200 tonnes par semaine. " Nous avons l'obligation d'être toujours les plus performants, de nous distinguer car nous n'avons pas le monopole de la distribution des produits du tabac", explique Gérard DELDYCKE, directeur de la SEITA Distribution de Mions.Chaque jour, les 80 employés du site règnent sur " leur " empire du tabac (20 000 m2) où s'entassent des milliers de paquets de cigarettes, de quoi faire tressaillir les fumeurs les plus assidus. Les ouvriers de la SEITA travaillent sur des machines automatisées avec, pour seul credo, de minimiser les erreurs dans les préparations de commandes (6 % d'erreurs) et de s'inscrire dans une course contre la montre perpétuelle.La SEITA-Distribution de Mions est le plus important contribuable de la commune (environ 3,5 millions de francs). Pour Gérard DELDYCKE, "globalement, les ventes de produit du tabac ont tendance à diminuer de moins 2 à moins 3 % par an, mais en terme de distribution, nous pouvons être encore meilleurs".

Thibaut ALEX et Franck BENSAID  - édition du 25 septembre 1999

Manufacture des Tabacs - Université Lyon III    Manufacture des Tabacs - Université Lyon III

Manufacture des Tabacs - Université Lyon III

Manufacture des Tabacs - Université Lyon IIIManufacture des Tabacs - Université Lyon III

De plus, le nom de Marie-Madeleine FOURCADE a été donné au lycée de Gardanne (avenue du groupe Manouchian), à une école primaire de Marignane ainsi qu'à Paris, Aix-en-Provence ou dans le 7ème arrondissement de Lyon :

 

"La voie nouvelle qui reliera la rue Croix Barret (au-delà de la rue de Gerland) à l'avenue Jean Jaurès sera nommée Marie-Madeleine-FOURCADE. Les élus ont approuvé à l'unanimité cette dénomination qui rend hommage à une grande dame de la résistance. Fondatrice du réseau Alliance, un des plus importants services de renseignements militaires sous l'occupation, elle fut l'une des seule femmes à diriger un réseau de résistance dont le PC fut installé à Lyon en 43."


 - édition du 7 septembre 2001

"Une voie nouvelle proche de la station de métro Jean-Jaurès est inaugurée aujourd'hui mercredi. L'occasion pour nous d'évoquer celle qui lui donne son nom, le nom de la seule femme résistante chef de réseau.

Chaque agent avait pour pseudonyme un nom d'animal. Marie-Madeleine Fourcade (1909-1989) était «Hérisson», le commandant Faye, «Aigle», etc. Une véritable «Arche de Noé», titre d'ailleurs de ses «mémoires», qui évoquent comment, depuis 1940, ce réseau baptisé «Alliance», fort de l'appui anglais, a réussi à communiquer des renseignements vitaux à Londres.

Marie-Madeleine, qui assure seule sa direction après l'arrestation du commandant Loustaunau-Lacau en juin 1941, a installé, après Marseille, son P.C. à Lyon au début de 1943. Grâce à des relations au sein de l'armée, dans les milieux nationalistes parfois proches de Vichy, sont organisées des filières de franchissement de la ligne de démarcation et des Pyrénées. Grâce aux liaisons par Lysander, «Alliance» dispose de nombreux postes émetteurs -d'abord à Marseille, Nice, Lyon, Pau, Paris et en Normandie- qui fourniront des indications sur l'organisation militaire allemande, puis sur les bases de fusées V-1 et V-2 et sur les fortifications côtières. Le réseau contribue, en 1942, à l'évasion du général Giraud. Inquiétée à plusieurs reprises, «Hérisson» qui doit quitter Lyon pour Paris en mai 1943, parvient à échapper à l'Abwehr et à la Gestapo mais quelque 440 de ses agents paieront de leur vie leur engagement."
Gérard CHAUVY,  - édition du 5 mai 2004


"Ils étaient venus nombreux, résistants et officiels, pour découvrir la plaque qui porte désormais le nom de Marie-Madeleine FOURCADE. Trois enfants du quartier - de cette nouvelle rue proche de la station de métro Jaurès dans le 7ème arrondissement - et de l'école Claudius Berthelier ont lu des poèmes dédiés à cette Résistante, en « témoignage, comme le déclara le sénateur-maire Gérard COLLOMB, de la reconnaissance de la ville de Lyon ».

 

Mais cet hommage doit être davantage qu'un geste symbolique de transmission de la mémoire. La connaissance des actions de Résistance, de celles des quelque 3000 agents du réseau «Alliance», dont 700 étaient des femmes, est également importante. Ce qui fut rappelé, à grands traits ponctués d'émotion, par le représentant du Comité d'Action de la Résistance dont Marie-Madeleine FOURCADE fut pendant 26 ans la présidente. Cette inauguration, réalisée avec l'actif concours de Roger BECKER, ancien du réseau «Alliance», a eu lieu en présence des enfants et des proches de celle qui se nommait «Hérisson» dans la clandestinité, du préfet Alain LACROIX, du représentant du gouverneur militaire, du sénateur-maire de Lyon, de Jean-Louis TOURAINE, premier adjoint, de Jean-Pierre FLACONNECHE, maire du 7e arrondissement et d'Evelyne HAGUENAUER, déléguée aux Anciens Combattants."

Gérard CHAUVY,  - édition du 8 mai 2004

Inauguration du monument de Paugnat (63) - LA MONTAGNE 1999

De plus, une filmographie abondante nous rappelle la vie des réseaux clandestins ("Marie-Octobre" et "L'Armée des Ombres") ainsi que les tragédies nouées dans le sud-ouest de la France au cours de l'été 1944...

 


À la demande du maire de SAINT-EXUPERY (19) et cadet de l'A.S. de Haute-Corrèze, Georges TOUQUET, une cérémonie était organisée le 9 septembre 2007 à l'occasion du vingtième anniversaire de l'inauguration par Marie-Madeleine FOURCADE de la stèle érigée par les anciens du Réseau « Alliance » pour commémorer les atterrissages d'avions Lysander venus d’Angleterre sur le terrain d'Ussel Thalamy (ainsi nommé bien qu'il soit situé presque entièrement sur la commune de SAINT-EXUPERY).

Roland CREEL, alias "Labrador" du Réseau « Alliance », évoquait ainsi l'action de ce réseau et la réalisation de la stèle :

" Mesdames, Messieurs, chers amis fidèles.

Nous voici réunis pour commémorer l'érection de ce fier monolithe qui rappelle un succès de « l'Armée des Ombres ».
Dès 1936, la construction de ce camp d'aviation avait été envisagée comme terrain de repli et de secours sur ce plateau rare dans notre Limousin vallonné et boisé. Ce qu'il fut en juin 40, dans des conditions assez désastreuses, 8 ou 9 Bloch 152 (chasseur armé de 2 canons de 20) restèrent sur place avec un Caudron « Simoun » de liaison et un Spitfire anglais (que diable était il venu faire par là ?)
Plus tard, l'endroit fut prospecté pour des atterrissages clandestins par le réseau « Copernic » de Bob LANCEMENT. Cet organisme passa la main au réseau « Alliance » ayant à sa tête le commandant Léon FAYE (massacré à Sonnenburg) et Marie Madeleine (alors) MERIC, plus tard chef du réseau et devenue FOURCADE après la guerre.
Le réseau « Alliance » était un réseau de renseignement et d'action rattaché à l'Intelligence Service » sous le N° section BL7 aussi connu sous le nom de « French section ».
Quatre opérations furent organisées et réussies sur ce terrain entre août 1942 et janvier 1943, permettant entre autres, à plusieurs « personnalités » de rejoindre Londres ou d'en venir.
Je ne participai pas aux trois premières étant encore sous l'uniforme de l'armée de l'armistice. Celle ci, dissoute par l'armée allemande après l'occupation de la zone sud, je rentrai chez mes parents. Deux jours plus tard, le 2 décembre 42, j'étais recruté, comme « estafette » par le réseau Alliance. C'était l'oeuvre de mon grand copain Marc VINZANT (Daddy), frère benjamin de Jean VINZANT chef de secteur du réseau (Danois).
Ainsi je participai, modestement, à l'opération « Ajax » qui rata la première fois par suite du brouillard montant du Dognon mais réussit la deuxième, début janvier 43.
Le chef des opérations était « Cornac » DALLAS de son nom, fusillé à Heilbron. Le radio était « Pie » RODRIGUEZ dont les nazis n'ont jamais percé la véritable identité, l'appelant « Rodney » et il a été miraculeusement sauvé, est revenu, a pu tout raconter et faire prendre, juger et exécuter le misérable qui avait vendu le réseau pour 4 millions de l'époque.
Mon rôle était de transporter son « piano » (nom de code : Tuba ) et de le conduire pour émettre dans des maisons tranquilles et dispersées.

Mais revenons en à notre monolithe. L'idée en est de Marie Madeleine, dès lors FOURCADE. Elle s'en ouvrit aux deux agents encore à Ussel : « Fox » le docteur SIRIEIX, (chauffeur dévoué et brave entre les braves ainsi que le docteur BELCOUR) et .... votre serviteur. Tous par ailleurs fondateurs de « Combat » et de l'Armée Secrète d'Ussel.
Nous nous réunîmes pour discuter du projet. Moi nul en dessin, je mis sur le papier une ébauche et quelques remarques. Miracle ! je l'ai retrouvé dans le fouillis de mes archives.
Et bien, le croiriez vous, les granitiers du Sidobre conservèrent cette silhouette et firent cadeau « du caillou » à Marie Madeleine.
Recherche, avec Michel LEMOINE, du meilleur emplacement pour ne pas gêner l'activité de l'aéro club. C'est celui qui est devant vous.
Pelle et pioche, 1 ml de béton fourni par l'entreprise Pomar. Bien pris mes diagonales. Bien au centre. Comme pivot, un axe de machine à laver. La base du socle percée pour s'y encastrer. Un lit de ciment de base. Un coup de grue. Et l'objet est là sans avoir bougé d'un millimètre depuis 30 ans.
Que je vous dise, Marie Madeleine récusait le terme de « stèle ». Grammaticalement, elle avait raison, une stèle rappelle la mémoire de personnes disparues, Maquisards, Automobilistes, Ouvriers.
Mais, et je suis sûr du fond de votre cœur ! Est il possible de séparer les victorieux des victimes ? VAUGHAR-FOWLER, posé une fois, était présent à l'inauguration. BRIDGER, posé trois fois est allé, dans le brouillard, percuter le mont Ararat (lieu supposé de l'atterrissage de l'arche de Noé). Or, les nazis, par dérision, désignaient sous ce nom le réseau Alliance, sans doute allusion à nos noms de code empruntés au règne animal.
Donc, notre monument porte le souvenir de ceux qui ont sacrifié leur vie contre l'ignoble idéologie nazie.
Et puis, il y a ceux qui ont survécu. Pas tous hélas ! Enfin ceux qui nous renseignaient, nous informaient, nous abritaient, nous ravitaillaient. Vous identifiez sans peine les civils et, particulièrement nos paysans limousins et leurs fils, dans nos rangs, souvent chasseurs et tireurs redoutables qui ont donné du fil à retordre à la garnison d'Ussel et à la brigade Jesser.

J'en ai fini, mais votre imagination, vos souvenirs, viendront compléter les insuffisances de ma mémoire.
Bien à vous tous. "

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